Former les talents tech africains : un défi collectif pour transformer le potentiel démographique en moteur économique

Aurore Beuque
October 15, 2025
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Le rapport, qui en découle, s'appuie sur les contributions des participants et reflète un moment d’intelligence collective, riche en constats, intuitions et pistes d’action. Ces retours d’expérience permettent de partager pour inspirer, ouvrir la discussion, et amplifier l’impact des initiatives qui visent à former et insérer les jeunes talents du continent.

Une population très jeune, un paradoxe persistant

L’Afrique est jeune. Plus jeune que n’importe quel autre continent ! Plus de 60 % de sa population a moins de 25 ans (PNUD, 2023). Ce capital humain est une force inestimable, mais il porte en lui un paradoxe qui peut être cruel. Tandis que le numérique déploie ses nombreuses promesses à grande vitesse, des millions de jeunes restent invisibles, en marge de l’emploi et de la formation.

Aujourd’hui, plus de 20 % des jeunes africains sont sans emploi, sans formation et sans  bagage spécifique (études secondaires). Dans certains pays, ce taux grimpe à 60 % (Banque mondiale, 2024). Dans le même temps, près de deux tiers des offres d’emploi exigent une maîtrise des outils numériques, alors que la majorité des systèmes éducatifs n’y préparent pas encore les étudiants. Résultat : un décalage persistant entre les compétences disponibles et les besoins du marché.

Face à ce constat, l’enseignement supérieur ne suffit pas à combler le vide : seuls 9 % des jeunes accèdent à l’université, contre 38 % au niveau mondial (UNESCO, 2024).

Les startups EdTech émergent alors comme des acteurs décisifs, capables de combler cet écart. Encore fragiles, concentrées dans quelques pays, elles représentent pourtant une des clefs pour transformer le potentiel africain en réussite collective.

Précision nécessaire - les EdTech ne remplacent pas l’enseignement supérieur, mais comblent ses angles morts : flexibilité, proximité avec le marché, inclusion de publics souvent oubliés.

Encore fragiles, concentrées dans certains pays, elles ont déjà démontré leur capacité à réinventer les parcours d’apprentissage. Le programme Talent 4 Startups en est un exemple : plus de 3 400 jeunes formés en deux ans, dans 20 pays, avec un taux de placement de 65 % dans des entreprises tech. Derrière ces chiffres, se cachent des trajectoires individuelles, des vies transformées, et des entreprises qui trouvent enfin les compétences dont elles manquaient.

Recruter, former, insérer : REX d’acteurs africains de la formation tech

Les discussions de Kigali ont mis en évidence une réalité souvent négligée : La formation est une chaîne continue, sui generis dans son fonctionnement ; si l’un des maillons se brise, l’ensemble du dispositif en perd irrémédiablement l’efficacité.

1. Le sourcing : atteindre, inclure, motiver

Comment identifier les bons profils sans exclure les plus vulnérables ? Comment garantir la diversité et la parité ? Comment maintenir la motivation dès l’entrée en formation ? Les EdTechs, présentes ont proposé des approches créatives : contributions symboliques pour renforcer l’engagement, programmes “par et pour les femmes”, mobilisation de réseaux communautaires, communication transparente sur les opportunités d’emploi…

2. L’engagement en formation : lutter contre le décrochage

Le risque majeur reste la perte d’élèves en cours de route, surtout dans l’apprentissage en ligne. Pour y répondre, plusieurs leviers sont apparus : gamification, projets collaboratifs, mentorat, mise en situation pratique. Plus que jamais, la formation doit être interactive, incarnée et connectée aux réalités professionnelles et locales.

3. L’insertion : créer des passerelles réelles avec l’emploi

Former sans insérer, c’est limiter les attentes des apprenants. Les participants ont insisté sur la nécessité de bâtir des réseaux actifs d’entreprises, d’organiser des événements de rencontre, et de multiplier les expériences courtes mais concrètes (micro-stages, projets pratiques) pour faciliter l’entrée dans le monde du travail.

Une conviction commune : l’avenir se joue maintenant !

L’atelier de Kigali n’a pas clos un débat, il l’a ouvert, à contrario. En mettant en commun leurs expériences, les EdTechs africaines ont confirmé une intuition : c’est dans la continuité entre sourcing, formation et insertion que réside l’efficacité réelle des dispositifs.

Il reste encore beaucoup à inventer : des modèles économiques durables, des mécanismes de coopération entre pays, des partenariats plus étroits entre startups, grandes entreprises et institutions. Une certitude a émergé :  le potentiel est immense, mais il reste latent, et c’est à l’écosystème africain de le métamorphoser en opportunité tangible.

Former des talents, ce n’est pas seulement répondre à un besoin du marché. C’est tracer des trajectoires, ouvrir des avenirs, et donner à une génération les moyens d’écrire l’histoire numérique de l’Afrique.

TABLE DES MATIÈRES

Pourquoi  le programme Fuze ?

Les critères pour bénéficier du financement Fuzé

Comment postuler au programme Fuzé ?

Quels sont les avantages pour les bénéficiaires ?

Faites passer votre startup au niveau supérieur

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